La zakat est un acte d’adoration (ibadat) pour le croyant, et comme toute ibadat, elle suit des règles claires. A ce titre, tous les biens possédés pour votre usage personnel sont exonérés de la zakat, à l’exception de l’argent liquide, de l’or et de l’argent en tant que valeur liquidables. Ainsi, il convient de prendre en compte certains éléments précis pour calculer votre éligibilité à la Zakat al-Maal. Par ailleurs, tout revenu gagné par le biais de salaires, d’avantages quelconque et de revenus locatifs peut être soumis au calcul que vous effectuerez.
Ainsi, les liquidités à considérer se résument en toute richesse que vous avez en votre possession et qui peut être facilement « liquidable », c’est-à-dire, dont la valeur est à « porter de main ». A titre non exhaustif : les comptes bancaires, réserve d’argent en espèces, actions et actif financier, cryptomonnaies, livret et plan de retraite, etc.
Nous n’allons pas couvrir les règles relatives au bétail et à l’agriculture dans cette article car le nombre de personnes qui s’occupent de ces biens est limité. Sachez cependant que vous pouvez retrouver des réponses sur le sujet en consultant la notion actifs liquide et d’actifs d’exploitation. La zakat étant un paiement individuel, nous devons comprendre que toutes les situations sont différentes. Il convient donc de calculer personnellement et soigneusement l’ensemble de ses actifs afin d’être le plus précis possible in sha Allah.
La zakat sur les revenus gagnés
Les revenus gagnés constituent la principale catégorie de richesse personnelle aujourd’hui. Il comprend les salaires et les honoraires professionnels qui résultent du travail et des tâches spécialisées. Ce qui est dépensé en frais personnelles et familiales avant la fin de l’année de la zakat n’est pas pris en compte. Mais ce qui reste du revenu gagné à la fin de l’année lunaire est soumis au calcul, qu’une année de zakat complète se soit écoulée ou non sur la partie en question. À la date d’échéance de la zakat, quelle que soit la partie du revenu du travail en sa possession (même s’il s’agit d’un chèque reçu ce jour-là), au cours de l’année de zakat, doit être payée sur cette partie si le total du salaire et/ou des honoraires annuels dépasse le nissab, l’équivalent monétaire de 85g d’or pur. Les salaires et les honoraires reçus au cours de l’année peuvent comptabilisés de manière cumulative afin de faciliter le calcul.
De nombreux juristes et érudits musulmans modernes considèrent que le revenu net du travail est soumis à la zakât, notamment, Muhammad Abû Zahrâ, ‘Abd Al-Wahhâb Khallâf, Monzer Kahf ou encore Mahmûd Abû Sa’ûd. Leur travaux et publications montrent leur implication dans cet effort de reflexion et de clarification autour de ce sujet d’une importance primordiale pour le/la musulman(e).
Le montant à considérer pour le calcul est l’argent résiduel qui reste des gains à la fin d’une période annuel lunaire. Cela ne signifie pas que la zakât est due sur le flux de revenus lui-même pendant l’année. Elle est appliquée à ce qui reste du revenu annuel d’une personne à la fin de l’année (c’est-à-dire après les impôts et les dépenses, sous toutes leurs formes et lieux de dépôt collectifs, cf. Fiqh az-Zakat).
Bijoux, zakat et liquidités
Selon la majorité des écoles, Mâlikî, Shâfi’î et Hanbalî, il n’y a pas de zakat sur les bijoux des femmes, qu’ils soient en or, en argent, en diamants, en perles, en minéraux ou en pierres précieuses, tant qu’ils sont destinés à un usage personnel, et non à la vente ou à la location. La position des Hanafî diverge à ce niveau. En effet, elle est que les bijoux sont soumis à la zakat.
Sur ce point, un effort de réflexion des savants contemporains a été porté et il en ressort un avis : si ces bijoux atteignent une quantité d’extravagance ou sont utilisés comme réserve de richesse, alors le surplus est à prendre en compte pour le calcule de l’aumône légale (cf. Fiqh az-Zakât).
Rappel sur les biens soumis à la Zakat
Les actifs liquides ont été abordé, mais il est toujours bon de rappeler quels types de richesse sont à intégrer dans cette démarche de zakat. En résumé, nous retrouvons les actifs suivants :
- Les liquidités (et les investissements liquides)
- Créances
- Or et argent (en tant que réserve de valeur)
- Actions et actifs commerciaux
- Investissements dans des actifs financiers (actions, fiducies d’unité et capitaux propres)
- Fonds de pensions
- Dettes à votre égard
- Produits agricoles
- Bétail
Ce que le Quran nous dit à propos des biens soumis à la zakat est au sens global. La liste ci-dessus est basée sur le fait que les références coraniques aux biens soumis à la zakat sont plutôt générales. Ainsi, dans la sourate Al-Tawbah (Sourate 9, Verset 103), le Quran mentionne le mot « amwal » (qui signifie « biens matériels » ou « richesse » en arabe) :
خُذْ مِنْ أَمْوَٰلِهِمْ صَدَقَةًۭ تُطَهِّرُهُمْ وَتُزَكِّيهِم بِهَا وَصَلِّ عَلَيْهِمْ ۖ إِنَّ صَلَوٰتَكَ سَكَنٌۭ لَّهُمْ ۗ وَٱللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ
« Prélève de leurs biens une Sadaqâ par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux. Ta prière est une quiétude pour eux. Et Allah est Audient et Omniscient. »
Aussi, dans la sourate Al-Baqarah (Sourate 2, Verset 267), le Quran mentionne « ce que vous avez gagné » et « ce que nous avons produit pour vous de la terre ».
يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓا۟ أَنفِقُوا۟ مِن طَيِّبَٰتِ مَا كَسَبْتُمْ وَمِمَّآ أَخْرَجْنَا لَكُم مِّنَ ٱلْأَرْضِ ۖ وَلَا تَيَمَّمُوا۟ ٱلْخَبِيثَ مِنْهُ تُنفِقُونَ وَلَسْتُم بِـَٔاخِذِيهِ إِلَّآ أَن تُغْمِضُوا۟ فِيهِ ۚ وَٱعْلَمُوٓا۟ أَنَّ ٱللَّهَ غَنِىٌّ حَمِيدٌ
« Ô les croyants ! Dépensez des meilleures choses que vous avez gagnées et des récoltes que Nous avons fait sortir de la terre pour vous. Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense. Ne donnez pas ce que vous-mêmes n’accepteriez qu’en fermant les yeux ! Et sachez qu’Allah n’a besoin de rien et qu’Il est digne de louange. »
À savoir qu’à l’époque du prophète Muhammad, que la paix et salut soit avec lui, la zakat était payée sur les chameaux, les moutons, l’or et l’argent, la production agricole, les biens destinés au commerce. Cependant, certains articles étaient exemptés, tels que les articles utilisés à des fins personnelles comme les vêtements et les meubles de maison.
Il est important de se rappeler qu’à cette époque, la terre n’avait pratiquement aucune valeur, sauf si elle était utilisée à des fins agricoles. Les maisons ou autres types d’habitations permanentes étaient très bon marché, rien à voir avec le contexte actuel.
Par conséquent, la zakat n’était pas payée sur ces biens, mais plutôt sur ceux qui avaient une valeur réelle à l’époque.
Ce que cela signifie aujourd’hui, sur la base de ce qui précède, c’est que diverses opinions ont été formulées quant à ce qui est effectivement soumis à la zakat en tenant compte de la nature des actifs retenus. Ces opinions peuvent être divisées en plusieurs catégories :
- Ceux qui pensent que seuls les articles spécifiquement prescrits dans le Quran et la Sunna sont soumis à la zakat, par exemple les dattes, les raisins secs, le blé, les moutons, les chameaux, les biens acquis dans le but d’être revendus, l’or et l’argent.
- Ceux qui incluent des éléments de nature similaire à ceux mentionnés ci-dessus, mais qui ne sont pas spécifiquement mentionnés par le Prophète Muhammad (paix et salut soit avec lui), par exemple les légumes, les dettes, les salaires, les revenus professionnels, et le rendement généré par les actifs fixes.
- Ceux qui incluent tout ce qui précède ainsi que les éléments contemporains de revenu et de richesse – y compris les actifs fixes.
Wa Allahu ‘Alam