Zakat al-Fitr : Qu’est-ce-que c’est ?

zakat 56

Catégorie : Bases

La Zakat al-Fitr, ou la Zakat de la rupture du jeûne du Ramadan, est une aumône spéciale, obligatoire, payée par tous les musulmans à la fin du mois de jeûne du Ramadan. Cet un acte d’adoration, toute comme la Zakat al-Maal, qui concerne plusieurs richesse que peut posséder un individu.

On l’appelle aussi Sadaqat al-Fitr, « la charité de la rupture du jeûne » du Ramadan, et Zakat al-Fitrah, l’aumône de la nature humaine, ou la création humaine, car c’est une charité obligatoire due à chaque musulman à la fin du Ramadan, quel que soit l’âge ou le sexe.

Son paiement obligatoire est appelé fitrah, dérivé du terme arabe fitr, un mot qui signifie la « nature » sur laquelle Allah a créé l’être humain. Ce mot est également lié au mot arabe iftar pour « rompre le jeûne », manger après une période d’abstention de cette activité humaine « naturelle » et déterminante qu’est le fait de se nourrir.

Contexte de la Zakat al-Fitr

Il convient de comprendre le contexte autour de cette pratique religieuse pour tout musulman(e)s. La Zakat al-Fitr existe comme une aumône obligatoire en 2H, ou la deuxième année de l’hégire. Le mot arabe hijrah signifie « migration » ou « émigration ». Il note la migration du Prophète, salut et paix soit sur lui, et ses compagnons, loin de la persécution des idolâtres qui étaient établis dans la ville sainte de La Mecque, endroit central du commerce en Arabie. De là, ils se dirigèrent vers le nord jusqu’à la ville de Yathrib, qui devint alors connue sous le nom d’Al-Madinah Al-Nabi, ou la Cité du Prophète, abrégée simplement en La Cité, ou Al-Madinah. Le calendrier musulman hijri, ou année Hjrah, commence avec cette migration.

Par ailleurs, l’obligation de payer l’aumône de la Zakat al-Fitr à la fin du Ramadan coïncide avec le commandement révélé par Allah en 2H pour les musulmans, de commémorer le début de la révélation du Coran au Prophète, salut et paix soit sur lui. Il a été révélé au mois de Ramadan, le neuvième mois de l’année lunaire islamique, en rétablissant une forme de culte primordiale, le jeûne (as-siyam) de l’aube au coucher du soleil, pendant tout le mois chaque fois que son nouveau croissant apparaît. Ceci se retrouve dans la Sourate 2 Al-Baqarah, verset 183-185 :

يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ كُتِبَ عَلَيْكُمُ ٱلصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ

أَيَّامًۭا مَّعْدُودَٰتٍۢ ۚ فَمَن كَانَ مِنكُم مَّرِيضًا أَوْ عَلَىٰ سَفَرٍۢ فَعِدَّةٌۭ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ ۚ وَعَلَى ٱلَّذِينَ يُطِيقُونَهُۥ فِدْيَةٌۭ طَعَامُ مِسْكِينٍۢ ۖ فَمَن تَطَوَّعَ خَيْرًۭا فَهُوَ خَيْرٌۭ لَّهُۥ ۚ وَأَن تَصُومُوا۟ خَيْرٌۭ لَّكُمْ ۖ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ

شَهْرُ رَمَضَانَ ٱلَّذِىٓ أُنزِلَ فِيهِ ٱلْقُرْءَانُ هُدًۭى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَٰتٍۢ مِّنَ ٱلْهُدَىٰ وَٱلْفُرْقَانِ ۚ فَمَن شَهِدَ مِنكُمُ ٱلشَّهْرَ فَلْيَصُمْهُ ۖ وَمَن كَانَ مَرِيضًا أَوْ عَلَىٰ سَفَرٍۢ فَعِدَّةٌۭ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ ۗ يُرِيدُ ٱللَّهُ بِكُمُ ٱلْيُسْرَ وَلَا يُرِيدُ بِكُمُ ٱلْعُسْرَ وَلِتُكْمِلُوا۟ ٱلْعِدَّةَ وَلِتُكَبِّرُوا۟ ٱللَّهَ عَلَىٰ مَا هَدَىٰكُمْ وَلَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ

« Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyâm comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété,

pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu'(avec grande difficulté), il y a une compensation: nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui; mais il est mieux pour vous de jeûner; si vous saviez !

(Ces jours sont) le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. -Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! »

La Zakat al-Fitr diffère des autres types d’aumônes ou de charité en ce sens qu’elle est imposée à l’individu musulman, et non par rapport à ses mesures de richesse ou de revenus.

Est-elle obligatoire pour tous les musulmans ?

Le Prophète, paix et salut soit sur lui, a spécifiquement appelé l’aumône de rupture du jeûne du Ramadan « Zakat »,

D’après Abdallah Ibn Omar (qu’Allah les agrée), le Prophète (que la prière d’Allah et Son salut soient sur lui) a imposé l’aumône de la rupture du jeûne un sa’ de dattes, ou un sa’ d’orge pour le serviteur et l’homme libre, pour les hommes et les femmes, pour les vieux et les jeunes parmi les musulmans. Et il a ordonné qu’elle soit donnée avant la sortie des gens pour la prière. (Boukhari et Mouslim)

La grande majorité des savants reconnaissent que cette formulation enjoint un prélèvement d’aumône « obligatoire ». Des rapports prophétiques similaires utilisent un autre langage qui « ordonnait » directement à chaque musulman de faire l’aumône requise à la fin du Ramadan.

Il y a une différence technique entre les quatre grandes écoles de la loi islamique uniquement en ce que les Hanafis distinguent le « obligatoire » en deux catégories : une prescription explicite de la Révélation Divine qui se rapporte à ce que l’on appelle « fard », obligatoire, et des instructions pratiques non explicites que l’on nomme « wajib », obligatoire.

Ainsi, toutes les écoles considèrent cette action comme religieusement obligatoire, avec une force de décision juridique similaire au consensus scientifique, ou ijma’.

Quel est le but de la Zakat al-Fitr ?

La Zakat al-Fitr a deux objectifs principaux, l’un spirituel pour l’adorateur (qui touche individuellement) et l’autre communautaire.

La fonction spirituelle de la Zakat al-Fitr

En tant que forme d’adoration, le jeûne constitue un « enseignement spirituel » qu’Allah a enseigné à l’être humain. Son but est d’aider la personne à libérer son âme provisoirement des appétits mondains qui le préoccupent, à libérer quelque peu sa nature céleste de ses confins d’argile afin qu’il puisse se rapprocher en conscience avec Allah. Ceci, le Coran lui-même nous le dit : afin que les croyants atteignent la piété, dans le verset 183 de la Sourate 2 Al-Baqarah :

يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوا۟ كُتِبَ عَلَيْكُمُ ٱلصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى ٱلَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ

« Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyâm comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété« 

Concrètement, le mot arabe traduit par « piété » est le terme religieux unique taqwa, signifiant, dans son essence, se souvenir d’Allah, afin que l’on s’habitue à faire ce qu’il commande et résolu à se retenir de ce qu’Il interdit. .

En tant que tel, la perfection du jeûne, le rite d’adoration, exige plus que simplement priver son corps de boisson, de nourriture et d’épanouissement passionné. Il vise à entraîner l’esprit humain à maîtriser la nature physique qui l’encadre. Donc le jeûne nous oblige aussi à tenir notre langue de discours inconvenant et mauvais. Aussi, pour garder nos mains d’une mauvaise action, et refuser à nos cœurs la pensée impure.

Autrefois, le jeûne signifiait pour certains pas de parole du tout. Voir Maryam (Marie), mère de Issa (Jésus) paix sur lui :
« En effet, j’ai juré un jeûne au Tout Miséricordieux. Ainsi, je ne parlerai pas aujourd’hui à tout être humain », Sourate 19 Maryam, verset 26 :

فَكُلِى وَٱشْرَبِى وَقَرِّى عَيْنًۭا ۖ فَإِمَّا تَرَيِنَّ مِنَ ٱلْبَشَرِ أَحَدًۭا فَقُولِىٓ إِنِّى نَذَرْتُ لِلرَّحْمَٰنِ صَوْمًۭا فَلَنْ أُكَلِّمَ ٱلْيَوْمَ إِنسِيًّۭا

 » Mange donc et bois et que ton œil se réjouisse ! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis [lui: ] : « Assurément, j’ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux: je ne parlerai donc aujourd’hui à aucun être humain. » « 

C’est le jeûne dans sa pureté, un idéal, qu’aucun être humain ne peut atteindre, mais auquel chaque musulman(e)s doit tendre. Zakat al-Fitr, l’aumône obligatoire à la rupture du mois de jeûne du Ramadan, nettoie notre jeûne des péchés que nous avons accumulées au cours de son observation.

La fonction communale de la Zakat al-Fitr

Le jeûne du Ramadan se termine par l’une des deux grandes célébrations de l’année musulmane, l’Aïd al-Fitr, la commémoration de la rupture du jeûne.

En ce jour de joie, de prières et de rassemblement, chaque musulman(e)s de chaque localité doit l’accueillir avec une charité obligatoire, une prière commune et une fête.

La Zakat al-Fitr insuffle de la joie aux pauvres à jeun. Il soutient les croyants via les ressources alimentaires pour glorifier Allah de tout cœur, célébrer la prière de l’Aïd et partager la joie et le plaisir de la journée avec leurs enfants et leurs familles.

Qui doit payer la Zakat al-Fitr ?

Chaque musulman(e) : Un certain nombre de compagnons du Prophète, qu’Allah soit satisfait d’eux – en particulier certains associés à la préservation et à la transmission des déclarations du Prophète, salut et paix soit sur lui, comme Abu Hourayrah et Ibn ‘Umar – notaient que Zakat al-Fitr est un obligation musulmane universelle. C’est-à-dire que chaque musulman est responsable de son paiement. Selon les termes d’Abu Hourayra, elle est due à « tout musulman, libre ou captif, homme ou femme, jeune ou vieux, pauvre ou riche » (Bukhari).

Femmes musulmanes mariées : La grande majorité des érudits soutiennent que cette aumône obligatoire est due pour chaque musulman, sans exception. Les Hanafis soutiennent que l’obligation individuelle pour son paiement inclut les femmes musulmanes, mariées ou non mariées, de leur propre richesse. Les autres écoles juridiques exigent que les maris paient la l’aumône au nom de leurs épouses musulmanes. La position Hanafi semble ici plus fidèle au hadith parlant des individus, mais gardez à l’esprit qu’au final, le paiement doit toujours être remis pour chaque individu.

Les Enfants : Si les enfants possèdent des biens, la Zakat al-Fitr est due sur leurs avoirs individuels, sinon le tuteur de l’enfant la paie au nom de son fils ou de sa fille.

Certains savants disent que seul le père en tant que tuteur doit la payer pour son enfant, tandis qu’elle n’est pas due sur l’orphelin (en Islam, l’orphelin de père). Quelques savants affirment que l’aumône ne représente qu’une obligation pour le jeûneur, car elle répare les erreurs du jeûneur ou purifie son jeûne des souillures morales.

Mais la position selon laquelle le paiement de l’aumône est dû pour tout musulman, « jeune ou vieux », est l’opinion la plus forte et la plus répandue. Cela n’inclut pas l’enfant à naître encore dans le ventre de sa mère, selon la grande majorité des savants, bien que la pratique de certains des Compagnons les plus éminents, comme ‘Uthman ibn ‘Affan, qu’Allah soit satisfait de lui, semble encourager les pères à la payer pour leurs bébés à naître.

Les Pauvres : La plupart des savants disent que chaque musulman a l’obligation de payer, même s’il est pauvre, car l’obligation pèse sur la personne et non sur sa richesse, contrairement à la Zakat Al-Maal, l’aumône obligatoire de la richesse. La seule exemption est pour celui qui ne possède pas de nourriture suffisante pour le jour de l’Aïd, un abri, des vêtements et autres besoins essentiels similaires. Pour savoir quelles caractéristiques qualifient la richesse, vous pourrez lire la notion de valeur et les éléments pris en compte dans la détermination de celle-ci. Une dette différée n’exempte pas non plus une personne du paiement de la Zakat al-Fitr, à moins que cette dette ne soit due le jour de l’Aïd et que son paiement ne réduise la personne à une insuffisance de nourriture pour la journée et les besoins essentiels, comme cela vient d’être décrit.

En savoir plus…